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Article / BONNES FEUILLES

Portrait de deux auteurs, intervenants à Tréguier au Colloque de la Saint Yves, le 18 mai 2019

Madame Olivia Dufour
« Justice, une faillite française ? »

Madame Olivia Dufour est notamment journaliste depuis plusieurs années à la Gazette du Palais. Elle est également Présidente du Cercle des Journalistes juridiques récemment créé à Paris, en septembre 2017.

Ses chroniques rafraichissantes sont toujours appréciées comme sont appréciées depuis plusieurs années, au Théâtre de l’Arche à Tréguier, ses interventions comme modératrice au Colloque de la Saint-Yves, organisé par le Barreau de Saint-Brieuc.

En juin 2018, le prix Oliver Debouzy a été remis à la journaliste par le président du Jury, M. Bernard Cazeneuve, pour un ouvrage dont on aimerait faire partager la lecture, « Justice, une faillite française ? », publié juste au moment de la Saint-Yves 2018 à laquelle participait l’auteure.

Ce livre de 305 pages est dense. Il a été publié aux Editions LGDJ, une marque de Lextenso.

Cet ouvrage pose une bonne question et la méthode adoptée est celle d’une journaliste confirmée, d’une grande rigueur, car avant d’émettre ses constatations ou ses propositions, l’auteure est allée s’abreuver aux meilleures sources. Des statistiques incontestables émanant du ministère de la Justice, mais aussi des entretiens avec l’auteure provenant d’anciens bâtonniers, de bâtonniers en exercice, de greffiers, de magistrats ainsi que d’un garde des Sceaux (Jean-Jacques Urvoas) et un ministre délégué chargé en son temps de la Justice (Michel Sapin).

Le prologue situe bien les enjeux du livre (p. 9) « Peu à peu la justice a renoncé à ses principes pour produire plus vite. Elle s’est résignée à considérer que tout ce qu’elle ne pouvait pas proposer au justiciable faute de moyens suffisants était en réalité superflu. Elle est en train d’abandonner la partie, par épuisement. Qui la sauvera ? »

L’institution judiciaire ne cesse de crier au secours dans l’indifférence générale. Se faisant précise, enquêtant sur le terrain avec curiosité et conscience, comme doit le faire le journaliste digne de ce nom, Olivia Dufour porte le fer sur des plaies trop cachées, par exemple l’état de santé inquiétant auquel bien des magistrats sont conduits, sans parler du suicide, sujet tabou s’il en fût.

Ce livre est trop dense pour que l’on puisse avec correction recenser tous ses apports. L’on se bornera à citer les titres des chapitres de cet ouvrage, plus qu’honnête, courageux :

Prologue

  • Chapitre 1. La France, honte de l’Europe ?
  • Chapitre 2. Un an de révolte ordinairepastedGraphic.png
  • Chapitre 3. La misère de la justice de masse
  • Chapitre 4. La plaie hideuse de la prison.
  • Chapitre 5. Cette justice qui fonctionne (presque) bien
  • Chapitre 6. Une justice aux crochets du privé
  • Chapitre 7. Le cri silencieux
  • Chapitre 8. Dans l’intimité du ministère de la Justice
  • Chapitre 9. Justice, que vas-tu de ton âme ?
  • Chapitre 10. Quelles réformes pour sauver la justice ?

On relèvera que dans le livre saint Yves est heureusement cité (p. 167). Gageons que si le saint Patron des avocats, des magistrats et plus largement des juristes venait à nouveau s’occuper de ses semblables en son domaine de Kermatin en Minihy Tréguier, il mettrait à disposition de ses hôtes quelques saines lectures se rapportant à l’idéal de justice. Le livre d’Olivia Dufour y aurait toute sa place.

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Monsieur Pascal BRICE
« Sur le fil de l’asile, Fayard 2019, 266 p. ».

Ce livre est sous-titré « six ans à la tête de l’OFPRA ». Cet organisme, l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides, a été créé par une loi de 1952 avec la Convention de Genève, ce que l’auteur appelle « la bible du droit des réfugiés ».

Les premières lignes sont consacrées au souvenir pudique des grands-parents de l’auteur. Fuyant les persécutions nazies, ils se sont mariés à la Paz en 1942.

Pascal Brice, nommé directeur général, est arrivé à l’OFPRA, dans ses locaux de Fontenay-sous-Bois le 20 décembre 2012. Son mandat de trois ans a été reconduit une fois et son poste a été vacant quelques semaines jusqu’à ce que le Ministère des Affaires Etrangères et le Ministère de l’Intérieur, sous l’arbitrage du Président de la République, s’accordent pour nommer un successeur, conseiller d’Etat.

Comme l’écrit l’auteur (p. 13), sa ligne de conduite, exprimée au Parlement fin 2012, a été « Le droit d’asile, rien que le droit d’asile, tout le droit d’asile ». La mission a été envisagée dans le respect rigoureux du droit et de l’indépendance de l’OFPRA.

Cette activité est pour le moins en développement. Plus de 120 000 demandes traitées en 2018, en hausse de 27% par rapport à l’année précédente.

Les développements de Pascal Brice s’éloignent d’un compte-rendu administratif desséchant que l’on aurait pu imaginer sous la plume d’un ancien élève de l’Ecole Nationale d’administration. Il s’agit de la relation de six ans d’activités, un journal sensible, où l’on voit apparaître des portraits de réfugiés et de membres d’association qui s’en soucient. D’une plume claire et alerte Pascal Brice rend vivante sa relation sans la moindre recherche d’effets littéraires.

On y apprend l’envers du décor aux quatre coins de l’hexagone, le directeur général ayant à cœur de ne pas s’enfermer au siège de l’OFPRA.

Ainsi la visite de la « jungle » de Calais justifie à elle seule la lecture de l’ouvrage en livrant une description que l’on croyait connaître.

Au fil de la lecture, au fil du droit d’asile, on apprend l’envers d’un décor par une vue pleine d’humanité et d’indépendance. Ces deux valeurs sont exprimées dans le serment de l’avocat. C’est dire qu’en venant participer au Colloque du Barreau de Saint-Brieuc, à Tréguier, le 18 mai, Pascal Brice ne sera pas en mauvaise compagnie.

En attendant sa venue et son intervention, on aura plaisir à s’imprégner de cette expérience unique en lisant « Sur le fil de l’asile ».

Yves AVRIL,
Ancien bâtonnier du Barreau de Saint-Brieuc

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